Présidentielles en Croatie : vers une réélection de Kolinda Grabar-Kitarovic ?
Le 22 décembre prochain les Croates éliront le successeur de Kolinda Grabar-Kitarovic lors du premier tour des élections présidentielles. Bien que la Croatie soit une démocratie parlementaire, le Président de la république croate est le chef des armées. Il dispose d’une certaine influence sur la politique étrangère du pays. Il agit également sur la vie politique intérieure en nommant en accord avec le Sabor (parlement) le Premier Ministre.
La Croatie : une success story européenne ?
La Croatie est le dernier pays à avoir fait son entrée dans l’Union Européenne en 2013. Considérée comme une success story par Ursula Von Der Leyen, présidente de la commission européenne, la Croatie est parvenue, en 28 ans, à obtenir son indépendance, assurer son propre développement économique, politique et diplomatique tout en parvenant à remplir les conditions d’adhésion d’une communauté politique incontournable dans le monde.
Toutefois, la perle de l’Adriatique fait face à plusieurs défis, comme la récente grève des enseignants. La Croatie doit aussi lutter contre les disparités régionales ou l’émigration de la frange jeune de sa population. Par ailleurs, la Croatie n’est toujours pas membre ni de la zone euro, ni de l’espace Schengen. Malgré cela, elle contribue depuis le 2 mai 2017 au SIS (Système d’information Schengen) permettant le partage d’information relatifs aux personnes se déplaçant au sein de l’espace Schengen. La Croatie présente donc une success story européenne en demi-teinte.
Kolinda Grabar-Kitarovic incarnation d’une droite dure et conservatrice
L’actuelle présidente, Kolinda Grabar-Kitarovic, que nous avons vu s’illustrer durant la coupe du monde de football et notamment lors de la finale face à la France en saluant vivement et chaleureusement Emmanuel Macron, espère briguer un second mandat après cinq années à la tête de la Croatie. Elle a d’abord ministre de l’Intégration européenne sous Ivo Sanader, puis ministre des Affaires étrangères en 2003. Elle obtient ensuite le poste d’ambassadrice de Croatie aux Etats-Unis.
Kolinda Grabar-Kitarovic devient Présidente de la République de Croatie le 11 janvier 2015. Kolinda Grabar-Kitarovic semblait modérer le côté nationaliste de son parti, le HDZ (Hrvatska Demokratska Zajednica). Elle était considérée lors de son élection comme une femme politique moderne, pro-occidentale et efficace. Elle s’est pourtant révélée être l’incarnation d’une droite dure, nationaliste et conservatrice.
La présidente qui souhaitait « réconcilier la Croatie » à l’image de Franjo Tudjman, le « père de l’indépendance » et surtout fondateur du HDZ, a échoué. En effet, durant 5 ans, Kolinda Grabar Kitarovic a enchaîné les déclarations polémiques et les gestes symboliques en faveur des nationalistes croates, déchirant ainsi la Croatie dont plusieurs régions sont acquises aux idées antifascistes. La présidente croate a par exemple célébré en grande pompe l’opération militaire Oluja. Entre 100 000 et 200 000 serbes avaient été chassés des derniers
territoires croates lors de la guerre d’indépendance en 1995.
La présidente a également choisi de se rendre aux commémorations du massacre de Bleiburg. Les partisans communistes avaient alors massacré plusieurs milliers de soldats croates à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Comme ces soldats servaient le régime oustachi, les cercles d’extrême droite ont investi la célébration.
La présidente sortante favorite dans les sondages
A l’heure d’aujourd’hui favorite selon plusieurs sondages, Grabar-Kitarovic devra affronter une vingtaine de candidats. Le très populaire chanteur Miroslav Skoro ou encore l’ancien Ministre de l’Economie Tomislav Panenić (2016) s’opposeront à l’actuelle présidente. Surtout, son principal rival, Zoran Milanovic représentant du Parti Social-Démocrate de Croatie, adversaire historique du HDZ et ancien Premier Ministre entre 2011 et 2016, se présentera aux élections.
Quoi qu’il en soit, le prochain président croate devra faire face à plusieurs moments forts. Le premier sera la présidence du Conseil de l’Union européenne que la Croatie assurera dès le mois de janvier et jusqu’en juin 2020. Le président devra également se positionner sur la politique d’élargissement de l’UE aux Balkans occidentaux, la position de la Croatie oscillant entre volonté de se détacher de son image balkanique et désir de conserver son influence au sein de la région.